dimanche 1 avril 2012

Le bitume vous haït tous !

Bonsoir lecteur,

Ce soir, un petit sujet sur le fait que le sol est dur.

Oui, le sol est dur et quand on tombe, ça fait mal. Que ça soit à vélo, en amour ou dans la vie de tous les jours.
A chaque fois que vous êtes tombé, vous avez certainement entendu des gens vous dire que : "C'est pas grave, ça va passer", "ça ira mieux demain" ou encore "oublies ça". Ce genre de personne sont communément appelé des connards.

Alors oui, dans le fond, ça finira sans doute par passer. Ça finira sans doute par cicatriser et au bout du compte, dans 200 ans, plus personne ne pensera à vos petits bobos car vous ne serez plus là pour les rabâcher.

Mais quand vous venez de vous bouffer le bitume avec un bon élan, ce genre de chose c'est comme rajouter de l'huile sur le feu. Et ce genre d'attitude est contre-empathique. Es-ce que ce genre de phrase vous a aidé au moment où vous êtes tombé ? Es-ce que ces formules magiques ont soigné vos plaies comme par enchantement ? Es-ce que ça à fait moins mal quand on vous a dit ces phrases ? J'en doute. Et pourtant, combien parmi vous vont sortir ces mêmes absurdités au premier type par terre venu ?

La triste vérité est la suivante : à chaque fois qu'on tombe, on a mal. Et ça ne fait pas moins mal avec l'âge, l'expérience ou la maturité. Non, à chaque fois qu'on se mange le bitume, on souffre. Et on souffre seul car notre peine nous est propre. J'en viens même à croire que si quelqu'un souffrait pour nous, nous serions amené à lui en vouloir tellement la souffrance est quelque chose de profondément intime. Dans ce cas, je ne parle pas d'un ami compatissant ou d'une personne prête à aider pour aller mieux, je parle d'un véritable vol de souffrance, une personne qui dit "je souffre pour que tu arrêtes de souffrir", mais c'est un autre sujet.

Une fois par terre, on a pas toujours la force ou l'envie de se relever. C'est à ce moment que les gens arrivent avec des phrases comme "courage", "je te tiens les pouces", "ai la foi", etc. Une bonne partie des gens qui vous diront ça sont sans doute des personnes qui, dès le message envoyé, ne pensent même plus à votre problème. De plus, il s'agit là d'une forme de non-implication polie. On dit "courage !" au lieu de dire "Es-ce que je peux t'aider ?". On dit "tu peux le faire" au lieu de "Es-ce que je peux faire quelque chose pour toi ?". On dit ces choses pour se sentir compatissant et politiquement correct alors que, au fond, on s'en fiche... a moins que ça ne fasse une conversation autour d'un café. Et il ne faudrait pas réellement se secouer les puces pour aider l'autre. Non, on préfère envoyé des encouragement non-impliqué de loin.

Chose particulièrement intéressante quand quelqu'un tombe, beaucoup de gens pensent qu'il faut qu'il se relève directement. Je pense que c'est une bêtise. Comme dit plus haut, on a pas forcément le courage ou la force de se relever dans la seconde. Parfois être par terre nous permet de remettre les choses en ordre, d'avoir un nouveau point de vue ou simplement de regarder un peu le ciel. Il faut prendre le temps de se remettre du choc de la chute avant de pouvoir essayer de se remettre sur ses jambes et si c'est fait trop tôt, on risque d'avoir la tête qui tourne et de retomber.

Certaines personnes ont la capacité de rebondir immédiatement, mais rebondir, ce n'est pas se relever. Se relever demande souvent de prendre appuis sur ses mains, ses coudes ou ses genoux. Le corps au complet se met alors en mouvement pour se redresser et relever le dos, les épaules puis la tête. Se relever est une opération qui demande du temps et une dépense d'énergie importante, c'est pourquoi il ne faut pas vouloir à tout prix relever tous le monde dans la seconde.

Dans cette obsession de relever les gens tombé, beaucoup y voit leur propre chute et le fait qu'il ne se sont pas relever totalement. Ces gens ne supporte pas de voir ce reflet d'eux-même chez les autres alors ils se précipitent, mais à quatre pattes, comment voulez-vous aider quelqu'un à se remettre sur ses jambes ?

Par contre, il ne faut pas non plus s'éterniser par terre. Regarder le sol, c'est bien, mais si on ne relève pas la tête au bout d'un moment, si on ne regarde pas ailleurs et si l'on avance pas, on fini par rater tout ce qui est beau dans la vie et elle pourra alors être considérée comme gâchée, à manger de la poussière et à voir passer les asticots.

Ce que je peux vous souhaiter, c'est d'avoir dans votre entourage une personne qui est debout et qui, quand vous chuterez, s'assiéra auprès de vous en attendant que vous lui disiez que vous êtes près à vous relever mais que son aide sera la bienvenue. Une personne qui sait que tomber fait mal et qui compatit, mais qui sais aussi que cette douleur est votre et qu'elle disparaîtra quand vous l'aurez décidé. Une personne qui sait que son utilité viendra quand vous l'aurez choisi et qui ne s'impose pas pour dire des niaiseries ou des phrases d'une ridicule inutilité. Une personne qui ne vous en voudra pas si vous décidez de ne pas bénéficier de son aide et qui ne vous en voudra pas si vous ne lui renvoyez pas des phrases d'une totale absurdité quand elle sera à terre.