vendredi 6 janvier 2012

Les mots se suivent #2

Bonsoir lecteur,

Ce soir, un texte.

"La solitude s'acharne sur moi comme le vent sur le tronc dépouillé de ses feuilles en plein hiver.

Il essaie de lui raconter les histoires du monde, mais l'arbre n'a pas de traducteur et ne comprend rien, excepté le froid que le vent charrie.

Dans le lointain, les nuages voilent les étoiles qui ne peuvent pas venir illuminer le ciel nocturne.

Le soleil se cache derrière les monts vides de vie et la lune n'apparaît pas non plus.

L'arbre se retourne et ne vois rien si ce n'est l'herbe morte qui jonche le sol froid d'une plaine où il se trouve seul.

La sève peine à monté dans ses plus hautes branches et il se demande pourquoi il se retrouve ici.

Les années ont passé et il se souvient de la forêt qui l'entourait. Il se souvient du contact des racines des autres arbres à proximité. Il se souvient de l'odeur du pollen des fleurs environnantes. Il se souvient des petits pas des écureuils dans ses branches.

Il se souvient aussi du bruit des tronçonneuses que les humains ont utilisé pour couper et décimer les chênes, hêtres et sapins alentours. Il se souvient du craquement sec d'un arbre qui tombe, proche de lui. Il voit encore les souches déracinées par les machines assassines des hommes.

Et il pleure, il pleure des larmes de bois que personne ne verra. Il pleure seul car le vent l'a finalement laissé à sa solitude. De toute façon, il ne comprenait pas les histoires du monde puisque personne ne connaît la sienne.

Son cœur se gorge alors de poison et il flétrit, se tasse et fini par mourir, seul.

Au printemps prochain, nulle feuille ne viendra pousser sur ses branches."