dimanche 11 septembre 2011

Schéma social

Bonsoir lecteur,


C'est à la faveur d'une lune ivre que je vous livre ces quelques lignes de réflexion sur un schéma social admis et pourtant, quand on le regarde bien, pas si joli joli que ça.


Commençons par le début. Dans notre société occidentale moderne, enfant, on nous fait faire nos classes obligatoires. On nous apprend ce que l'on considère comme des bases solides pour la suite de notre vie. Une base de math, la langue du pays, une seconde langue, voir une troisième, un peu d'histoire, de géo. On nous fait faire du sport et parfois, une activité culturelle. On essaie de nous apprendre à lire et écrire le plus juste possible également. Durant les vacances, si l'on a de la chance, nos parents nous emmènent en voyage dans un autre pays ou nous font visiter celui dans lequel on habite et s'ils ne le peuvent pas, ils nous mettent dans une colonie de vacances. Parfois, souvent par faute de moyens, les enfants passent leurs vacances chez eux à traîner avec des amis ou à regarder la TV ou jouer à un jeu vidéo.


Jusque-là, on a pas tellement notre mot à dire, on obéit. C'est après qu'on DOIT faire des choix. Déjà, le fait de DEVOIR faire un choix, c'est paradoxal non ? On DOIT choisir son avenir. Un apprentissage ? Continuer les études ? Beaucoup ont du mal se fixer car c'est la première fois qu'on leur demande ce qu'ils veulent (et visiblement, leur capacité à exprimer leurs choix ou désir ne faisait pas partie du cursus obligatoire) ! C'est pourquoi il existe des orienteurs professionnels qui sont là pour vous expliquer, avec diverses méthodes plus ou moins respectueuses de l'individu, les différentes possibilités. Certains repoussent ce choix en faisant une année linguistique, une espèce de mélange entre "glander" parce qu'on a déjà vu la matière et peut-être apprendre 2 mots de vocabulaire dans une langue que l'on a étudié (donc, vocabulaire que l'on a normalement déjà appris si l'on a été studieux).


Bref, nous voici donc parti sur le chemin qui fera de nous des femmes et des hommes du monde, garant d'une éthique, de respect et de compétences misent au profit de notre vie au sein de la société. Je ne vais pas m'appesantir sur ces éternels étudiants qui n'osent pas se lancer dans la vie ou qui ne savent toujours pas quoi faire ou pour ceux qui, trop dégoûté par l'école, se lancent dans un apprentissage qu'ils n'aiment pas et qui en changent tout de suite après leur papier (voir même avant pour certains). Mais comme on dit : il faut bien manger et payer ses factures. C'est donc pourquoi, à un moment donné, on est FORCE de trouver un emploi, même si ce dernier ne nous plait pas.


C'est donc techniquement en 20 et 30 ans que notre vie professionnelle est fixée et que notre vie sentimentale prend le relais au niveau de la bienséance sociale. Durant nos années d'études, nous avons eu des coups de cœur, des blessures, des peines et des joies. On a aimé, on a été aimé, on a forgé notre cœur aux flammes des passions et parfois, ça laisse des cicatrices. Mais voici que les années s'égrainent et comme au niveau professionnel, on a souvent l'impression d'être "posé", il faut bien mettre un peu de piquant dans la vie. Alors, on se marie (pour autant qu'on ai un/e partenaire) ou l'on cherche. Au niveau du schéma social, il est assez étrange de ne pas être marié à 35 ans ou de l'avoir été (divorce ou veuvage). Je ne parlerai donc pas des carriéristes ou autres exceptions, mais je garde ça pour une prochaine réflexion.

C'est donc, tout heureux, que l'on s'uni à l'être qui partage notre vie et notre cœur. Avant cela, prudent, on a passé quelques années ensemble, pour voir si ça marche. On part en voyage, histoire de ne pas gâcher sa jeunesse. On a des projets légers et peut-être que les deux ne sont pas encore bien posés au niveau professionnel, alors on attend le "bon moment" ou l'oubli du préservatif et la venue d'un enfant suite à quoi, on s'empresse de "réguler la situation".


Une fois marié, on part entre mari et femme, un beau petit couple. Certains continuent de voyager tant qu'il n'y a pas les enfants, tandis que d'autres y songent tout de suite. Car oui, une fois marié, le prochain pas, c'est les enfants. Je n'ai que très rarement vu un couple qui se marie et que ne songe pas à sa progéniture. De plus, madame sent ses hormones qui s'affolent, elle vieilli. Je dirai que c'est entre 25 et 35 ans que l'instinct maternel et la libido masculine font tout pour que l'être humain procréer. Et paf, voilà le premier ! Moment intense de joie, de bonheur, la famille est aux anges, les grands- parents se portent directement volontaire pour garder le petit tandis que les deux parents iront au travail pour subvenir aux besoins de ce petit ange/génie/bout-de-chou. Et on en parle autour de soi. Ce petit bout d'humain est mis sous la loupe ; il marche, il bave, il parle. Chaque geste est un émerveillement ! Vous imaginez la pression sociale de cet enfant ? Si par hasard, il est trop remuant, il est directement classé hyperactif. S'il ne remue pas assez, il est autiste ou déficient. Bien souvent, on lui cherche des problèmes qui n'existe pas, histoire de dire à papa et maman qu'ils s'occupent bien du petit.

Et bien souvent, 2-3 ans après, paf, voici le deuxième qui arrive ! Là, c'est moins joli joli. La femme passe 9 mois de grossesse et comme il n'y a plus les découvertes et surprises de la première, elle angoisse pour ses futures nausées, accouchement difficile et si par malheur il y a eu un incident durant la première grossesse, je suis prêt à parier que les nuits ne seront pas tranquilles.


Et voici que vient une des parties les plus intéressantes de la vie des humains. Entre 40 et 50 ans. Il est bien connu et admis qu'à partir de 40 ans, l'homme à besoin de se sentir encore homme. On appelle ça le démon de midi. Et même s'il aime sa femme, on remarque qu'un homme entre 40 et 50 ans porte un soin plus prononcé à sa tenue, son look. Il doit paraître jeune, mais pas trop, dynamique et compétent. Madame quand à elle doit être une mère parfaite si elle ne veut pas être montrée du doigt ou alors, une jeune femme active et qui sait gérer autant son travail que sa famille. Des vrais petits chefs ! Et pendant ce temps, les enfants grandissent, comme dit plus haut.


Mais c'est aussi durant ces années que les distances se creusent. On ne va pas refaire un enfant pour solidifier le couple et comme chaque partenaire pense bien souvent un peu trop a son image, il y a des fossés qui apparaissent, si ce n'est pas déjà des gouffres. Au début, c'est des petites remarques ou on oublie un bonjour ou au revoir. Quelquefois, on pense uniquement à la dernière minute à l'anniversaire de l'autre (c'est souvent les hommes ça). Et petit à petit, le couple se dissout dans les soucis quotidiens. Un feu, ça s'entretient et souvent, on a utilisé le bois pour construire autre chose. C'est à ce moment que l'on pense au divorce, mais on reste quand même ensemble "pour les enfants". C'est là que les problèmes de santé arrivent. Si la famille ne va pas bien, la femme aura tendance à développer un cancer des seins ou des os. L'homme aura des prédispositions pour un cancer de la prostate s'il n'arrive pas à exprimer sa virilité. Ces cancers ne seront peut-être décelés que dans 10 ans, mais ça travail.


Et voilà qu'arrivent les années 50-60. Les enfants sont grands, ils sont peut-être déjà parti. Voici que Madame et Monsieur se retrouvent à nouveau à deux. Se regardent-ils en chien de faïence ? Les vieilles rancunes ressortent-elles ? On se jette de la vaisselle à la figure ? Ou es-ce que l'on se donne une seconde chance ? Ont-ils traversé des épreuves (santé, accident, etc) et que le couple à l'air soudé ? Bien entendu, comme dit plus haut, les enfants auront peut-être eux aussi des enfants, alors un nouveau rôle de grands-parents attend ce couple, ça remet un peu de piquant dans l'existence.


Et puis vient la retraite. Moment très important pour l'homme qui a consacré sa vie entière à un travail. Souvent, la femme a moins ce problème. Elle a DU s'occuper des enfants et à donc arrêter plus tôt. Mais ça fait un choc. Que va-t-on faire de tout ce temps ? On se remet à des activités qu'on avait arrêtées, il y a des années. On bricole, on essaie quand même d'exister. On s'occupe des petits-enfants s'il y en a en leur racontant comment c'était de notre temps. On a l'impression que le monde évolue plus vite que nous et on se sent largué. Dans le pire des cas, il n'y a même plus de dialogue entre les deux membres du couple. Chacun attend que l'autre meure avant lui pour pouvoir enfin être libre car ça ne se fait pas de divorcé à 70 ans. Certains couples profitent de ces moments passé ensemble pour recommencer des activités à deux. Du vélo, de la randonnée ou une passion qui intéresse assez des deux partenaires. Certains voyagent en groupe et font des rencontres. Beaucoup disent que c'est une deuxième jeunesse. Parfois trop marqués par la vie, les enfants les places "pour leur bien" dans une maison de retraite car ils ne peuvent plus faire face tous seuls.


Et puis, vient la mort d'un des deux. Tristesse, deuil et peine. On voit régulièrement l'autre s'éteindre petit à petit et rejoindre sa/son partenaire quelques mois voir année après. On dira qu'il/elle est mort/e de tristesse, plus la volonté de vivre. Quelquefois, pourtant, l'autre se sentira libéré, surtout s'il y a eu une maladie difficile avant le décès. Il pourra réapprendre l'indépendance et vivra peut-être de nombreuses années de bonheur et pourquoi pas formé un nouveau couple. Bien entendu, arrivé à ce stade, ce schéma social nie le suicide des personnes âgées. Je n'en parlerai pas ici, mais c'est quelque chose de beaucoup plus courant qu'on ne le croit.


Voilà pour ce schéma. Je crois que le pire dans tout ça, c'est qu'à la fin de sa vie, les membres de sa famille vont dire quelque chose comme : il a eu une belle vie, pas toujours rose, mais belle quand même. Et pourquoi dire ça ? Je crois que c'est pour se rassurer car on suit le même chemin que lui et qu'on n'assume pas d'avoir une vie "moche". Je crois que si l'on pouvait demander à chaque âme, au moment où elle quitte le corps, comment elle a trouvé sa vie en toute honnêteté, le bilan serait : beaucoup de regrets et pas assez de satisfactions. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de satisfactions, mais d'une façon générale, l'être humain vit sur des schémas qui ne lui correspondent pas et qu'il se force à faire dans le socialement admis.

Voilà pour cette réflexion. Evidement, ce schéma est fait de stéréotype et c'est normal. Certains de vous se reconnaîtront dans une partie plus ou moins grande tandis que d'autre n'y trouveront aucun points communs.